Pauvre gardien !
C’est le gardien des p’tites mémères
Qui râlent du matin au soir,
Même quand il passe la serpillère,
Elles le critiquent, ah, y’ en a marre !
Il manie pourtant le balai,
Avec une grande dextérité,
La résidence est un palais
Grace à ses petits doigts de fée.
Faut le voir sur sa belle tondeuse,
Coiffer l’gazon avec amour,
Sous le regard des vieilles grincheuses,
Qui l’insultent dès le petit jour.
Et quand il nettoie les carreaux
Des portes vitrées si jolies,
Elles lui balancent des seaux d’eau,
En mugissant comme des furies.
Quand il désherbe les rosiers,
Il reçoit divers projectiles,
Parfois des morceaux de dentiers,
De la part des douces séniles.
Ce brave gardien si sensible
En devient tout neurasthénique,
Il faut avouer que c’est pénible
Cette attitude très tyrannique.
Il subit pourtant son calvaire,
La tête haute, le reste aussi,
En se disant que les mémères
De son corps ont sans doute envie.
L’amour rend les femmes cruelles,
Tous les poètes vous l’écriront,
Qu’elles soient fraîches ou un peu moins belles,
Les « Je t’aime » deviennent vite juron.
C’est la complainte des p’tites mémères
Qui râlent pour l’éternité,
Après l’gardien du cimetière,
En soupirant d’insanités.
Ju’âne Pedro (octobre 2013)