Tagliatelles
Elle va manger chez moi
La gentille demoiselle
De si bonnes tagliatelles,
Ah j’ai le cœur en fête !
Elle va manger chez moi
La gentille demoiselle
De si bonnes tagliatelles
Parfumées à l’aneth.
Dans un verre à moutarde
J’ai mis quelques prim’vères,
Une lumière trop blafarde
Rend l’atmosphère austère.
J’allume une bougie
Qui enfume la cuisine,
J’ai un petit logis
Qui fait bien triste mine.
Loin d’être un top modèle,
Je n’ suis pas Mister France
Et mon regard révèle
Ma terrible différence.
Me débrouille comme je peux
Pour être indépendant,
J’fais semblant d’être heureux
En plaisantant tout l’temps.
Ma semaine de travail
C’est d’remplir des cartons
De p’tites pièces en ferraille,
Sur qu’c’ n’est pas bien coton.
Quand je rentre le soir
Seul avec mon jeune chat
J’essaie d’broyer du noir
Mais j’ n’y arrive même pas.
Avec la demoiselle
J’aurai une jolie vie,
Les si bonnes tagliatelles
Se mang’ront à l’envie.
On s’ra bien tous les trois,
Elle, moi, le chat d’gouttière,
On vivra comme des rois
Dans notre douillette tanière.
Je vous parle, mais l’temps passe,
Elle n’est pas encore là,
C’est peu dire qu’ça m’tracasse,
C’est sur elle n’ viendra pas.
Oh sans doute qu’elle rigole
Avec un mieux que moi,
Du pauvre et triste mongol,
C’n’est pas la première fois.
Mangera pas chez moi
La gentille demoiselle,
Devant mes tagliatelles
J’ai le cœur en défaite.
Mangera pas chez moi
La gentille demoiselle,
Je mange mes tagliatelles
Seul devant mon assiette.
Jean-Pierre :58: