LE PAVILLON
Au milieu d’un morceau d’gazon
Se dresse un joli pavillon
Avec une très large parabole
Qu’arrosent les merles en plein envol.
La p’tite maison témoin d’nos vies,
Avec son mignon lampadaire,
La p’tite maison qu’on a bâtie
Nous a dévoré nos salaires.
Elle n’est pourtant pas prétentieuse,
Elle n’a pas la mine aguicheuse,
Et ses modestes volets roulants
Sont bien ordinaires forcément.
La p’tite maison qui nous observe
Avec son œil de bœuf très chic,
La p’tite maison elle nous conserve
Dans sa vaste véranda magique.
Un long et large banc de granit
Entouré de quelques marguerites,
Un funèbre barbecue de marbre
Invitent à des pensées macabres.
La p’tite maison et son jardin
Avec sa pergola plastique,
La p’tite maison et ses p’tits nains
Se donne un
p’tit air romantique.
La terrasse en planche de Deauville
Se décore de pots en argile,
Très à la mode, oui très tendance,
Peints à la main de préférence.
La p’tite maison et ses statues
Toutes en pierre blanche reconstituée,
La p’tite maison mérite d’être vue,
Et visitée comme un musée.
Bien sur la vaste et ronde piscine,
Entourée d’une haie en résine,
Ajoute un zeste de confort
Et d’agréables senteurs de chlore.
La p’tite maison ferme sa porte
Aux curieux et autres parasites,
La p’tite maison est une place forte
Qui interdit toute visite.
Vous n’verrez pas l’bel intérieur
Ultra moderne, très art-déco,
Un boulot de décorateur,
Le must du must, le meilleur pro.
La p’tite maison témoin d’nos vies,
Avec son mignon lampadaire,
La p’tite maison qu’on a bâtie
Nous a dévoré nos salaires.
Jean-Pierre :62: