Les sauvageons !
Les vieux s’ennuient à la retraite,
Dans leur surface inhabitable,
Ils aimeraient bien qu’ça s’arrête,
Ils en deviennent très irritables.
Ils sont si nombreux désormais,
Qu’ils rêvent d’un grand soir féroce,
Ou pourquoi pas d’un mois de mai,
Pour réclamer plus de pesos.
Les déambulateurs s’affolent
Sur les boulevards sans platane,
Ils chantent et dansent la carmagnole,
En s’époumonant comme des ânes.
Des dentiers se perdent dans la foule,
Les CRS jouent Parkinson,
Ils en perdent quasiment la boule,
Les vieux refusent qu’on les sermonne.
Des voitures brûlent sur le bitume,
Des devantures s’écroulent soudain,
Ceux qu’on prenait pour des légumes
Manient savamment le gourdin.
Ils pillent les grands magasins
En s’acharnant à tout détruire,
On en arrête quelques-uns,
Les autres parviennent à s’enfuir.
A la grand-messe du vingt heures,
Un présentateur excité,
Montre des vieux sur des tracteurs,
Qui ont envahi les cités.
Des vielles racailles déterminées,
Détruisant tout sur leur passage,
Qui vont très vite contaminer
Ceux qui s’obstinent à rester sages.
Le président très en colère,
Appelle au calme dans un discours,
Mais les grands-pères et les grands-mères
C’est connu, sont complèt’ment sourds.
Ils continuent allègrement,
A défiler sur les pavés,
Indifférents aux boniments,
Du chef de l’état énervé.
Le cocktail alcool et pétard
N’encourage pas la sagesse,
Du matin au soir très très tard,
Ils manifestent dans l’allégresse.
Fallait-pas les laisser sortir
De leur maison et parc à vieux,
Maintenant craignons tous le pire,
Tout cela est vraiment soucieux.
A la porte des boulang’ries,
Ils volent les pains au chocolat
Des écoliers, quelle barbarie,
Que fait la police, nom de d’la !
La terreur règne sur les quartiers,
L’insécurité est partout,
Avec leur canne, sans pitié,
Il te menace et tu files doux !
Ils sont de toutes les couleurs,
Et ils sont de toutes origines,
Ils se moquent des saines valeurs,
Entre soupe aux choux et tagine.
Ils ont perdu jusqu’aux repères
Qui les ont fait vivre si longtemps,
Pour eux fini la vie pépère,
Ils sont rebelles incontinents.
Dans les belles maisons de retraites,
Les sauvageons prennent le pouvoir,
Plus rien de rien ne les arrête,
La morale ne fait plus rempart.
Comment sauver la république,
Face à cette gériatrique violence,
Le gouvernement en panique
En appelle à la descendance.
Que les jeunes surveillent leurs vieillards,
Un peu d’autorité bon sang,
Eduquons ces maudits braillards,
Afin qu’ils rentrent dans le rang.
C’est aux enfants de prendre en charge,
Avec force et autorité,
Tous ces sauvageons troisième âge,
Qui foutent la merde dans les cités.