Les marmottes
Que l’on est bien en liberté dans la montagne
Avec pour compagnie à part sa belle compagne,
Un élégant rapace ou autres oiseaux de proie,
Deux ou trois bouquetins et parfois un chamois.
Dans ce vaste paysage imposant, majestueux,
Deux randonneurs s’activent en soufflant comme des bœufs
Sur un sentier pentu qui épuise la santé
Des marcheurs volontaires, fortement motivés.
Le soleil malicieux invite les amoureux
A chercher un coin d’ombre afin d’souffler un peu
Et puis à s’allonger, caressés par la brise
Jusqu’à n’plus supporter un morceau de chemise.
Alpiniste chevronné, le piolet à la main,
Le joyeux montagnard au sourire libertin,
Entreprend l'escalade du doux mon de vénus
De sa belle installée au milieu des crocus.
Les marmottes intriguées par cette bête à deux dos
S’approchent silencieuses en roulant des yeux gros,
Tressautant apeurées au moindre gémiss’ment
Et courant se cacher brusquement en sifflant.
Mais le don juan des cimes tout à son escalade
Ignore les mammifères et d’une ultime ruade,
Offre à sa tendre aimée une généreuse offrande
Qui, d’après les marmottes, en paraît très friande.
Les voyant apaisés, les rongeurs se rassurent,
S’enhardissent à danser et faisant bonne figure,
Forment une ronde trépidante. Reliées par leurs menottes,
Elles sautillent en sifflant, les si charmantes marmottes.
Et depuis, bonnes gens, dans notre si joli bourg
Déambule dans les rues le fruit de cet amour,
Un charmant petit être qui sautille, siffle et trotte,
Vous l’avez deviné, une bien jolie marmotte.
Jean-Pierre Georget