J’ai gagné un max de pognon,
En écrivant mes p’tites chansons,
Du coup j’investis sans tarder,
Dans un truc dont t’as pas idée.
En ce moment, c’est très tendance
Et je dirais même plus très chic,
Tu peux y passer tes vacances,
Tes RTT et puis tes week !
J’ai acheté du cassoulet,
Des raviolis et des fayots,
Des cartons de poudre de lait,
Du vin de Loire et de Bordeaux.
De la viande de bœuf desséché,
Du saucisson bien de chez nous,
Quelques poulets déshydratés,
Du papier toilette très doux.
J’ai la télé évidemment
Et un jeu de Triomino,
Quelques bouquins écrits très grands,
Une boîte de dominos.
La déco est assez spartiate,
Quelques meubles en bois laqué blanc
Pour ranger mes fringues et savates.
Avoir de l’ordre, c’est important.
Mon abri anti-nucléaire,
C’est ma caverne d’Ali Gaga,
Je vais survivre à toutes les guerres,
Avouez qu’vous êtes jaloux les gars.
Je verrais mourir en direct,
Tous les humains agonisants
Et par avance, je me délecte,
D’être l’unique survivant.
N’essaie pas d’frapper à ma porte,
Je ne suis pas un philanthrope,
Mon fusil te pèt’ra l’aorte,
Reste dehors et allez hop.
Le champignon radio actif,
Viendra te cueillir gentiment,
Tu y laiss’ras d’abord tes tifs
Et puis le reste, probablement.
Et de voir périr les bourgeois,
De mon confortable pied à terre,
Me remplira le cœur de joie,
J’avoue je suis un peu pervers.
Et si mon égoïsme te choque,
C’est qu’tu es trop sentimental,
Il faut vivre avec son époque,
La belle époque des chacals.
Mon abri antinucléaire,
Tout confort cela va sans dire,
Sera ma demeure dernière,
Avant mon ultime soupir.
J’ai gagné un max de pognon,
En écrivant mes p’tites chansons,
Du coup j’investis sans tarder,
Dans un truc pour vieux con fêlé.
Ju’âne Pedro, décembre 2015