Coup d’état
C’est la fête au village,
On danse et puis on rit,
On fume des trucs sauvages,
On fait plein de conn ‘ries.
Le peuple prend le pouvoir,
Les riches se tassent honteux,
Le peuple a le savoir,
Les riches ont l’air piteux.
La la lère,
Coupez-leur la tête,
Les galères
Encouragent la fête.
Le parti des fêtards,
De l’insouciance chronique,
Vire tous les vieillards
Qui dorment en politique.
Les marchés financiers,
Excités comme des fous,
Semblent bien apprécier
La fin des grands gourous.
La la lère,
Coupez-leur la tête,
Les galères
Encouragent la fête.
L’anarchie est offerte
Au peuple souverain,
Qui ne reste pas inerte,
Heureux et plein d’entrain.
Chacun pille son voisin
Avec délectation,
On vide les magasins,
C’est la révolution.
La la lère,
Coupez-leur la tête,
Les galères
Encouragent la fête.
La guillotine s’acharne
A réduire les corps,
Pauvre bourreau qui marne,
N’envions point trop son sort.
Les têtes au bout des piques
Habillent les trottoirs,
Ambiance très poétique,
A la sauce abattoir.
La la lère,
Coupez-leur la tête,
Les galères
Encouragent la fête.
Les drapeaux couleur sang
Décorent les fenêtres
Et des poings menaçants
De la rue sont les maîtres.
On copule à tout va
En haut des barricades,
Au milieu des gravats,
En avant camarades.
La la lère,
Coupez-leur la tête,
Les galères
Encouragent la fête.
Quelques danseuses nues
Aguichent les soldats,
En criant bienvenue,
Rallier vous donc les gars.
Du canon des fusils
Fleurissent milles fleurs
Et avec frénésie,
L’armée offre son cœur.
La la lère,
Coupez-leur la tête,
Les galères
Encouragent la fête.
La victoire en s’aimant
Dans notre beau pays
Effraie l’gouvernement
Qui s’enfuit dans la nuit.
Les bouchons de champagne
Pètent sur les comptoirs,
Les bourgeois sont au bagne,
Les prolos font la foire.
La la lère,
Coupez-leur la tête,
Les galères
Encouragent la fête.
Un réveil insolent
Interrompt ce beau rêve,
C’est vraiment désolant,
Il faut que je me lève.
Il fait froid ce matin
Et direction l’usine,
A chacun son destin,
Dans nos vies anodines.
La la lère,
N’faisons pas la tête,
Les galères
Encouragent la fête.
Ju’âne Pedro