Claire et Léo
Claire se promène avec Léo
Autour de l’eau sombre du plan d’eau,
Habité de nombreux roseaux.
Appuyés sur leur canne en fer
Ils boitent sur le chemin de pierre
En suivant un itinéraire
Qu’ils connaissent depuis tant d’années.
Rituel, Léo chuchote à Claire
Allons donc prendre un petit verre,
J’ai envie de boire une bonne bière.
Ils s’installent dans un coin d’bistro,
Avec une vue sur les roseaux
Où se cachent de nombreux carpeaux
Qu’Léo pêche depuis tant d’années.
Le matin et toujours très tôt,
Une canne fixée sur son vélo
Léo pédale vers le plan d’eau.
Va-t-il en prendre plus qu’hier ?
S’interroge, ironique, Claire,
Tout en essuyant ses poussières
Qui s’envolent depuis tant d’années.
Midi, Claire dresse les deux couverts,
Du jambon et du camembert,
Un gâteau aux pommes comme dessert.
Il n’est pas encore là Léo.
Serait-il tombé de vélo ?
S’est-il arrêté au bistro ?
S’inquiète- elle depuis tant d’années
Il est encore bredouille Léo,
Il a raté un gros carpeau,
Toujours le même scénario.
Le porto remplit les deux verres,
Pas très moelleux le camembert,
Faudra le dire à la crèmière
Qui les trompe depuis tant d’années.
Léo ne retourne plus sa terre,
Son potager est en jachère,
Il ménage ses fragiles artères.
Claire se moque bien de ces poireaux
Qui sèchent au fond d’un vieux cageot,
Des tomates et des haricots
Qui pourrissent depuis tant d’années.
Claire se promène avec Léo
Autour de l’eau sombre du plan d’eau,
Habité de nombreux roseaux.
Appuyé sur sa canne en fer,
Qui de Léo ou bien de Claire
Conduira l’autre au cimetière
Qu’ils fleurissent depuis tant d’années.
Jean-Pierre