J’suis amoureux d’la dame
De la bibliothèque,
A en perdre mon âme,
A en lire du Houellebecq.
J’suis amoureux d’la dame,
De la bibliothèque,
Pour la séduire, je rame,
J’essaie de lire Steinbeck.
Moi qui ne lisais rien,
Sauf les pages des obsèques,
Enthousiaste je viens
A la bibliothèque.
Je plonge brutalement
Dans la littérature
En matant forcément
La belle créature.
Je rêve d’eau de rose,
Collection Harlequins,
Mais son sourire morose
N'est pas vraiment coquin.
Bien loin du diable au corps,
Je me sens misérable
Y croire, y croire encore,
Comme on croit une fable.
Je veux jouer l’amant,
Très Marguerite Duras,
Mais Cupidon dit nan,
Franch’ment, c’est dégueulasse.
Mes illusions perdues
Me fusillent l’espoir,
A terminé pendu
Comme dans un roman noir.
Mourir comme Roméo,
Dans un cri pathétique,
Pas question, non mais oh,
J’n'aime pas les fins tragiques.
La femme du boulanger
Semble bien moins farouche,
Certes, elle est plus âgée,
Mais elle partage ma couche.
Adieu cruelle dame
De la bibliothèque,
J’ai retrouvé mon âme,
Je ne lis plus Houellebecq.
Adieu cruelle dame
De la bibliothèque,
Avec une autre femme,
J’ai oublié Steinbeck.
Ju’âne Pedro