Arnaud la gastro
Dans l’allée de l’usine, toussant et crachotant
Comme un futur client d’un frais funérarium,
Le nez dans mon mouchoir, le pas bien hésitant,
Je marche le corps tassé comme celui d’un vieil homme.
Je suis atteint d’un rhume à noyer mes poumons,
Mon appendice nasal se repeint rose saumon.
Un jouvenceau moqueur et blond comme un gratin,
Un dénommé Arnaud, tout d’orange vêtu,
Me dit d’un ton rieur, le vilain plaisantin,
Il va casser sa pipe, le vieux, il est foutu.
La jeunesse d’aujourd’hui ignore la compassion,
Cela mérite bien une bonne leçon.
Prout et prout et prout la lère,
Prout et prout et prout la la,
Ca t’dégouline du derrière,
C’est bien fait pour toi crois moi !
Rentrant dans son logis, dans un coin de campagne,
Le jeune gars fragile entend son ventre gronder,
La douleur est atroce et l’odeur en témoigne,
Ses intestins rebelles rêvent de se vider.
Il n’a pas eu le temps de salir ses toilettes,
Déjà la boue immonde coule dans ses chaussettes.
Prout et prout et prout la lère,
Prout et prout et prout la la,
Ca t’dégouline du derrière,
C’est bien fait pour toi crois moi !
Le brave greluchon a passé son week-end,
Sur son vase de nuit, dans sa chambre à coucher,
Espérant vivement enfin le happy-end,
Mais la gastro s’acharne et le sol est tâché.
Il implore les dieux, crie qu’il ne rira plus
De son collègue Pedro, il le jure sur Jésus.
Prout et prout et prout la lère,
Prout et prout et prout la la,
Ca t’dégouline du derrière,
C’est bien fait pour toi crois moi !
Dans l’allée de l’usine, toussant et crachotant
Comme un futur client d’un frais funérarium,
Le nez comme fontaine, le pas bien hésitant,
Je marche le corps tassé comme celui d’un vieil homme.
Arnaud bon camarade me propose son mouchoir,
Et puis sans ironie, me dit garde l’espoir.
Ju’âne Pedro