Les visites
Il y aura du monde certes à l’enterrement,
Les visages livides s’inviteront demain,
Il y aura du monde certes à l’enterrement,
Visages livides et graves, mots sur le parchemin.
Pourtant à l’hôpital les visites étaient rares,
Ce n’est pas rien bien sûr d’offrir un peu de temps
A un copain d’usine qui garde encore l’espoir
De vaincre son cancer de plus en plus présent.
La souffrance comme compagne efface le sourire…
Les échanges pudiques sur le corps déclinant
Ponctués tristement par de profonds soupirs,
Annoncent une échéance fatale évidemment.
Mais faut-il détourner le regard pour autant
Et se voiler la face devant la maladie,
Abandonner son camarade à ses tourments
Et puis se réveiller pour la cérémonie.
La solidarité doucement s’effiloche,
Le « moi je » comme drapeau et l’on sonne le glas
De la sainte compassion et puis tintent les cloches,
D’un avenir bien sombre qui conduit au trépas.
Il y aura du monde certes à l’enterrement,
Les visages livides s’inviteront demain,
Il y aura du monde certes à l’enterrement,
Visages livides et graves, mots sur le parchemin.
Jean-Pierre