Jolie demeure
C’est une jolie demeure
Construite en pleine campagne ,
Il y fleure le foin sec
Et la vache allaitante.
Un endroit très charmeur
Disent ceux qui nous rejoignent ,
Gai comme une discothèque
Où l’on joue et plaisante.
Un vieux chêne centenaire
Semble monter la garde
Et salue les passants
En agitant ses branches.
Les heureux pensionnaires
Sortent de leur guimbarde
Joyeux et bondissants
Les deux mains sur les hanches.
Tout habillé de beige ,
Sourire franc et très large ,
Dans l’antre du manoir ,
Les bipèdes s’agitent.
Et comme sur un manège ,
Ils tournent chargent et déchargent ,
Un tour à l’urinoir ,
On y retourne très vite.
Trente années à l’usine ,
Les souvenirs se greffent
Sur ces trois décennies
D’une vie sans importance.
Des images qui piétinent
Les rires toujours trop brefs ,
Pourquoi sont-ils partis ,
Pourquoi suis-je en instance.
Après quelques couronnes ,
Boîtes en fer pour la quête
Et des larmes vite rentrées ,
On retourne au bercail.
A nouveau tout fonctionne ,
L’humeur est girouette ,
Le cafard séquestré
Chasse enfin la grisaille.
C’est une jolie demeure
Notre bonne vieille planète,
Elle abrite six milliards
De bipèdes en instance.
Chacun leur tour ils meurent
Et terminée la fête
Pour ces quelques milliards
De vies sans importance.
Jean-Pierre Georget