L’automne
C’est l’automne au château
Madame la baronne
Vêtue d'un long manteau,
Dans sa barbe ronchonne:
- Mon Dieu il fait si froid...
Firmin , activez l’âtre !
- Il n’y a plus de bois
Pleurniche le bellâtre.
- Achetez en une corde
Au brave Latulipe
Son hangar en déborde,
Allez, nom d'une pipe.
- Il ne veut plus en vendre
Il n’ai jamais payé.
- Ah je le ferais pendre
Et avant escouiller.
C’est l’automne et dehors
Les feuillus des bosquets
Sont en parure d’or
Comme de fiers coquets.
Le soleil se fait rare ,
L’humidité s’installe
La pluie remplit la mare ,
La baronne a la dalle.
- Firmin j’ai faim bordel ,
Allez glaner aux champs
De quoi faire une gamelle…
- Les fermiers sont méchants ,
Ils me chassent à la fourche
Pour protéger leur bien ,
Quand un rien je revourche
Sur leur maigre terrain.
République d’automne
A ruiné la noblesse
Et la pauvre baronne
A fondu de la fesse.
O pauvre condition !
O pauvres aristocrates !
Infâme punition
Que de manger des pâtes!
Et puis quand vient l’hiver
Et glaciale froidure ,
Firmin un rien pervers
L’âme noire et impure,
Pour réchauffer baronne,
Le gueux la coquelique ,
Ah que Dieu me pardonne ,
Honte à la république !
Jean-Pierre Georget