CHERS COUSINS !
Que l’on soit né persan
Que l’on soit né gouttière,
Sommes nous si différents ?
Que l’on soit né gouttière,
Que l’on soit né persan,
Faut-il se faire la guerre ?
Moi l’humble chatte de gouttière à la bedaine traînante,
Je vous écris ces mots, mes chers cousins de Nantes,
Pour vous inviter dans mon petit territoire,
Afin de déguster les produits du terroir.
Dans ma vaste litière que mon maître despotique
Retourne régulière’ment, nous chass’rons les lombrics,
Et nous dégusterons des rouges-gorges frétillants,
Qui craqu’ront sous nos dents comme des nems croustillants.
Que l’on soit nez pointu ou bien nez écrasé,
Nous sommes tous des chats de respectable lignée,
Je vous présenterai mes copains de bagarres,
Miauleurs et chahuteurs et un peu trop fêtards.
Ils ont le cul terreux, la démarche agricole,
Ils lapent bruyamment leur lait dans de grands bols,
Ils ne s’invitent jamais au banquet de Platon,
Préférant de très loin leur ordinaire litron.
Mais ils ont le cœur tendre comme du filet d’mulot,
Et savent gentiment t’passer la patte dans l’dos,
Ils partagent leur gamelle en toute simplicité,
Hâbleurs, ils sortent leurs griffes, histoire de s’amuser.
Grippeminaud de campagne, patte-pelu, mistigri,
Vieux raminagrobis, minon, minou, mimi,
Et l’humble chatte de gouttière à la bedaine traînante,
Deviendront souvenirs à emporter à Nantes.
Que l’on soit né persan
Que l’on soit né gouttière,
Sommes nous si différents ?
Que l’on soit né gouttière,
Que l’on soit né persan,
Faut-il se faire la guerre ?
Jean-Pierre