Elle chante !
A l’ombre d’un tamaris, elle chante sur la corniche,
Sous les yeux des touristes faussement attentifs.
Un saxophone gémit et les rimes trop riches
Paraissent anesthésier les vacanciers oisifs.
Elle chante dans la rue,
La gloire elle y a cru,
Avec son lot de rêves.
Elle chante sur la plage
Pour un public trop sage
Qui sommeille sur la grève.
Au loin la mer récure quelques éphémères récifs
Pour mieux les engloutir dans une gerbe d’écume.
Ils semblaient si solides, si fiers et si massifs
Comme une fulgurante star oubliée dans la brume.
Elle chante sur le sable,
Toujours infatiguable,
Et les notes s’envolent.
Elle chante dans les vagues
Elle danse, saute et zigzague
Autour des parasols.
Un groupe d’adolescents grignote d’énormes frites
Pendant que les adultes cuisent leur peau laiteuse.
Un bambin endormi soudainement s’agite,
D’autres jouent au volley dans une ambiance rieuse.
Elle chante dans les dunes
La nuit au clair de lune
Le public se réveille.
Elle chante sous les étoiles
Un sensuel récital,
Le public s’émerveille.
Un homme au regard sombre, à l’allure ténébreuse,
Inspire ses « je t’aime » très imprégnés de blues,
Enivre ses mélodies de langueurs voluptueuses
Et lui donne la grâce d’une danseuse andalouse.
Elle ne chante que pour lui,
Son amant d’une seule nuit,
Ce trop bel inconnu.
Puis s’offre dans la pénombre
A cette furtive ombre…
Le saxo ne pleure plus.
Jean-Pierre