Comme lui
Sur mon lit de vieillesse, allongé, en fin d’vie,
Je l’attends, moi aussi, la camarde insatiable,
Je regarde la télé distrait’ment et j’envie
Le pape qui se meurt entouré de notable.
Sur ma table de chevet en métal laqué blanc,
Pas la moindre petite fleur, pas la moindre intention
Car ma vie trop longue a dévoré mes enfants,
Je suis seul comme un con avec ma perfusion.
Sur mon lit de vieillesse, allongé, en fin d’vie,
Je regarde la foule qui prie pour le pontife,
Je ne vous cache pas que je serai ravi
Qu’on m’offre avant d’partir un rosaire collectif.
C’est pas qu’ je sois croyant, mais qu’on me parle un peu,
Que ce soit en prière ou en p’tits mots gentils,
Juste avant le grand saut ça me rendrait heureux,
Je vous accorderai toute ma sympathie.
Sur mon lit de vieillesse, allongé, en fin d’vie,
J’écoute l’aide soignante qui me hurle à l’oreille
Que le pape n’est plus et qu’il s’est endormi…
Et oui, je lui soupire, un éternel sommeil.
Puis je me laisse glisser dans une douce torpeur,
Alors je sens déjà que je n’existe plus,
Je m’enfonce calmement et sans la moindre peur,
Je m’offre à la faucheuse et ma vie se conclut.