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Bocage électoral


Imagine un peu camarade visiteur !

Tous nos hommes et femmes politiques sont assassinés par un mystérieux tueur  !

Panique dans le pays !

Heureusement, le commissaire Défaice va une fois de plus, sauver la France de chez nous !

Une France en pleine campagne présidentielle, avec Marie Hélène Jovial et Anicet Paskidi qui veulent s'installer à l'Elysée à la place du vieux Jules Patraque et de son épouse Cascouillette !

Un suspens insoutenable !!!!

Avec Patrick Parledabor, journaliste à Talerfin , l'actualité palpite à chaque page !

 

Ju'âne Pedro


Du rififi dans l’bocage électoral

Prologue


Chemise couleur barbe à papa aux fraises avec cravate et veste noires , Patrick Parledabor se mijote une tête des mauvais jours assorti d’un rictus faussement décontracté.
Les titres des infos du jour s’égrènent sur la chaîne privée Talèrfin.
A sa droite , Marie Hélène Jovial , yeux dans le vague , médite.
- Bon , m’dame Jovial , ça va être à nous.
- T’inquiète Patrick , je vais assurer .
- Allez , c’est parti!


" Salut les copains copines téléspectateurs !
La nouvelle vient juste de tomber et plonge le pays tout entier dans une stupeur stupéfiante.
L’assassinat du sinistre de l’intérieur , Anicet Paskidi bouleverse la nation tout entière...
- N’en fais pas trop quand même , chuchote Marie Hélène Jovial.

"En pleine rue et devant des centaines d’admirateurs en liesse , le sinistre s’est heurté à deux balles en acier trempé d’un fusil anonyme mais efficace.
La tragique tragédie à été filmée par un amateur.
Etienne Bougeotte a négocié à prix d’or les images pour vous les offrir.
Gaffe aux mômes , c’est pas du virtuel !
Envoyez !
Au moment où Paskidi sort de sa voiture , commente Parledabor , regardez bien , un coup de feu , le sinistre titube et s’écroule dans les bras d’un garde du corps.
La voiture démarre en trombe avec monsieur Paskidi sans doute déjà en train d’avaler son bulletin de naissance.
Voilà , on vous repasse le document , faut bien amortir la dépense."

Marie Hélène Jovial s’impatiente.
La bio du père Anicet Paskidi s’éternise .
- Eh Parledabor , c’est bientôt mon tour quoi merde ?
- Ca vient , pas de panique ma tite dame , il est mort , il est prioritaire , c’est clair.
- Bon , pisque c’est comma ça , je me casse !
Rien à foutre du Paskidi , maintenant qu’il est canné , suis certaine d’être présidente , c’est pas le Passmoilpin qui va me piquer la place avec sa popularité en descente vertigineuse.
- Chut , maintenant c’est à toi madame Jovial !
"En direct , notre invitée madame Marie Hélène Jovial , candidate socialiste à la présidence de la république.
D’abord , votre réaction à la mort brutale mais définitive de votre principal adversaire politique. "
Marie Hélène Jovial toussote , se dandine un rien sur sa chaise en paille biologique de chez Confo et , le menton relevé , le regard déterminé , déclare.
- Avant toute déclaration, je tiens à exprimer , en mon nom et au nom de tous les faux culs du parti , ma stupeur et ma grande tristesse …
- Bon , voilà , c’est fait , c’est dit …ironise Pat… mais c’est bon pour vous finalement !
Anicet Paskidi mort , l’Elysée est à vous Marie Hél !
- Monsieur Parledabor , la France choisira !




Chapitre I ( c’est parti !)

- Ah Phil Dhou , elle est pas belle la vie , une bonne bière , que du bonheur non ?
- Vous parlez d’or commissaire , avec cette canicule , on est bien que derrière un bar !
Le commissaire Défaice trempe ses lèvres dans le savoureux breuvage , avale une gorgée et recrache aussitôt .
- Ben , elle est pas bonne ma bière ? s’inquiète Rémi Noussa , le patron du troquet.
- Oh , my God , s’exclame le glorieux policier , on a buté l’patron !
- Merde alors , ponctue Phil , tu parles anglais comme la reine de là-bas Com. !
- Normal , j’rate pas un seul film américain sur canal - , c’est dire …puis , il s’emporte :
Je te dis qu’ils ont buté Anicet et tu m’emmerdes avec mon anglais !!!!!!
Ecoute les infos , blaireau !
La chaîne Euro Nouilles diffuse en boucle les images de l’assassinat de Paskidi.
Les journalistes courent comme de jeunes chiots énervés , en quête d’informations.
On s’agite dans les rédactions , on commente , on déballe tout et n’importe quoi .
Défaice s’empare de son portable qui vibre dans la poche intérieure de son veston bleu gris , couleur ennui.
- Ok , j’arrive Hidelgarde.
Hidelgarde Havu pianote , nerveuse , sur son bureau chêne passif avec poignée de tiroir en fer forgé à la main , à Saint-Bricolo Dubocale.
La directrice de la police judicieuse , le regard sombre et la larme en équilibre sur deux cils , offre son profil au commissaire qui n’en demandait pas tant.
- Salut Hidelgarde , terrible nouvelle …
- Adieu les tripes au vinaigre ( Lis « Le crime de la rue Saint-Anne » du même auteur au lieu de faire des yeux de merlan bouilli sauce estragon et oseille.)
Bordel Défaice , trouve moi les ordures qu’ont fait le coup , je les veux à mes pieds , la corde au cou …
- Calme toi Hidel , calme toi , je suis là moi.
Il embrasse avec une fougue contenue sa belle supérieure hiérarchique.
- Bon , stoppe , on fonce Défaice , pas le moment de se la jouer collection Harlequin à un euro six , on a du pain dans la corbeille , alors au taf .
Hidelgarde , le visage crispé et la lèvre volontaire sort d’un tiroir secret un pistolet extra large à balles virtuelles à tête fugueuse .



Chapitre II (déjà !)

En sortant du studio de la chaîne privée Talèrfin , Marie Hélène Jovial respire profondément l’air vivifiant de la capitale.
Dans quelques mois , elle sera présidente de la république de chez nous , une présidente au sourire éclatant qui rayonnera sur toute la planète.
Elle est si heureuse.
La mort d’Anicet est un cadeau du ciel , un miracle lourdien , une aubaine inattendue et un petit bonheur d’une grande intensité politico sentimentale.
La France est à ses pieds , ses sondages sont les moins mauvais de la classe politique.
Trois pour cent des Français lui accordent confiance et soumission , ce qui est énorme , vu le contexte.
A gauche , Lionel Jozepoin est à moins dix sept pour cent.
Quand à Trossfane, Vlalbus , Languepikant et Paysba , son compagnon , ils sombrent dans le gouffre du Padirac de la sondagite négative.
Son tailleur orange cendré avec broche en laiton de Sologne flashe sur le trottoir
- Ah , que la vie est belle , murmure-t-elle juste au moment où les deux balles de fusil récidiviste la frappent en plein front.






Chapitre III ( c’est son tour)

- Putain de bordel de merde , c’est quand même incroyable , on bute les deux prétendants au trône présidentiel , dans la rue , devant témoins que ceci , témoins que celà et …
Hidelgarde pose son fessier directorial sur le tabouret de bar de son bureau directorial aussi.
Elle respire par saccades , le visage cramoisi .
- Donne moi un verre d’eau , conard !
Le commissaire Défaice apprécie à sa juste valeur la dialectique raffinée de sa supérieure et tite copine occasionnelle.
C’est avec une grande tendresse un rien ironique qu’il lui tend le précieux verre d’eau salvateur.
- Ca va mieux l’palpitant ?
- Laisse tomber , j’ai pas le cœur à tes flagorneries de haute cour , p’tit coq.
Tu te démerdes comme tu veux , Défaice , mais tu me trouves les corps .
Sont quand même bien quelque part , non ?
Qu’on les bute , bon , ça passe encore, mais qu’on embarque les corps à la barbe de tous ,ça me dépasse Com.
- Pas de panique Hild , ton com. va te résoudre ce blème en moins de temps qu’il ne faut à l’auteur de ces conneries pour souder un pot d’échappement.
- Merci de me réconforter , mon doux et glorieux héros , que même en photo , t’es presque aussi présentable qu’un pâté de tête sans persil !
Allez casse toi , avant que je te nomme agent à la circulation sanguine , blaireau !
- Adieu mon amour , et respire à fond !
Défaice évite de justesse , malgré sa souplesse légendaire , le cendrier vide en céramique Mac de marque qui se la joue vole au dessus d’une tête de flic.
En montant dans sa Clio rouge pompier , le commissaire Défaice se dit que c’est pas encore aujourd’hui qu’il va toucher l’chômage technique.
Deux politiques viande froide , et du surchoix en plus , ça va remuer dans les basses- cours , c’est clair !




Chapitre IV ( sont courts , certes , mais palpitant , non ?)


Patrick Parledabor , chemise violette et cravate sombre , rouge à lèvres saumon de fontaine , regarde la France au fond de l’œil gauche :
- La France a peur , les politiques surtout.
Après l’assassinat de Lionel Jozepoint , François Paysbas , Dominique Trossfane , Laurent Vlalbus se terre dans son deux pièces cuisine , huit salles de bain vitrées , terrain de golf en kit sous la protection du génideugène.
Patrick se tripote l’oreille avec classe :
- Ah , merde , c’est pas vrai , Vlalbus s’est fait déssouder aussi et Languepikant aussi !!!!
A droite , on me confirme l’élimination de François Partout , Philippe Couchetoipeti , Jean-Louis Deprès , bordel , c’est l’hécatombe !!!!!!!!!!!!!!!!
Ah merde , les salauds !
Il se tripote l’oreille avec désespoir :
- Ils ont buté Arlette Labillé et le p’tit Olivier Bosseballo.
Bon , c’est tout pour aujourd’hui ?
On me confirme que c’est tout , c’est déjà pas mal non ?
Dominique Voinette , oh ils n’ ont pas de cœur !!!
Passons aux commentaires d’Olivier Tumapelle :

Olivier Tumapelle , vieux journaliste ventripotent , le visage grave de celui qui pense être capable de penser , fixe la caméra d’un œil déterminé. Quant à l’autre , il se promène à droite à gauche , mais on s’en fout…
- Oui , comme le disait Parledabor , la France a peur , les politiques surtout !
Le tueur , en toute impunité , continue de massacrer la classe politique.
Toujours le même rituel , deux balles dans la tête !
On a , à ce jour , toujours pas retrouvé les corps des victimes.
Tous les meurtres ont été filmés et les vidéos envoyées à Talèrfin …
- Ferme ta gueule deux secondes Olivier , je viens d’apprendre , oui , c’est qui ?
Ah , Jean-Marie Kipaine , oui , ok , je note merci !
Donc , Jean-Marie Kipaine est à ajouter à la liste des chers disparus !
Continue et magne toi Olivier , c’est bientôt l’heure de la météo.
- Je viens d’apprendre Patrick que Jules Patraque doit intervenir en direct de l’Elysée d’une seconde à l’autre !
En effet , le président , silencieux …
- Ah putain , c’est pas possible , Passmoilpin , oui , t’es sûr de l’info ?????
Parledabor se gratte l’oreillette jusqu’au sang et annonce d’une voix blanche comme la page d’un poète tourmenté :
- Dominique Passmoilpin , premier sinistre de la République , est mort il y a deux minutes trente cinq secondes et quartorze dixièmes environ , comme ses collègues , de deux balles et hop , on cherche toujours le corps de l’éphèbe.
Entre nous téléspectateurs , quelle merde !!!!
Jamais vu ça , la panique partout , l’anarchie menace , c’est le déclin clin , c’est la faillite , y a plus d’repère ….
- Ta gueule Patrick , y’ a le Jules qu’est à l’antenne !





Chapitre V (attends , je vérifie , oui , c’est bon !)

Le commissaire Défaice caresse De Gaulle qui ronronne comme un vieux chat de gouttière qu’il est.
De Gaulle , fidèle des fidèles du Com est un chat d’une sensibilité exacerbée et d’une jalousie féroce.
- Le vieux va parler Phil , finalement , tout ce merdier , c’est bon pour lui.
Il va grimper dans les sondages , se la jouer sauveur de la République et se faire élire à 180 pour cent , malin le vieux.
Tu sais , Phil , je m’demande , oui , je m’demande…
- Quoi Com ?
- Rien , rien , mais bon , pour l’arranger , ça l’arrange le Jules !!!!
- Not' président , tueur de politiques , vous poussez l’bouchon un peu loin…
- J’ai rien dit moi , c’est toi qui dis …écoute , il va parler le grand homme , Zorro d’la République !
De Gaulle , tout en se toilettant avec application miaule un vos gueules les humains et s’installe devant le poste de télévision judicieusement programmé sur Talèrfin.
Une trépidante zique et le président de la République de chez nous apparaît , la mine grave et le cheveu gominé.
Derrière son auguste buste , le drapeau de France et d’Europe et sa lessive de blanc d’la semaine , cause Cascouillette est en pèlerinage à Sainte-Marie Aulai .

- Français françaises
Copains copines
Charcutiers charcutières …

Le grand homme ferme quelques secondes les yeux et commence :

- Nous vivons , mes chers concitoyens , une épreuve dramatique , épouvantable , très éprouvante.
La République de chez nous est en danger , notre patrie est en danger , la France est menacée !
Il respire profondément , lâche un pet inodore et sans saveur et poursuit :
- De fidèles compagnons comme Dominique Passmoilpin , Anicet Paskidi , Philippe Couchtoipeti et d’autres comme Jean-Louis Deprè , Pierre Aiméconri ont été lâchement assassinéS par d’ignobles et sans pitié prédateurs de l’ordre républicain.
Je n’oublie pas Marie Hélène Jovial , Lionel Jozepoin , mon ancien et tant apprécié premier sinistre et toute la bande de bras cassés du parti socialiste.
Le président rote discrètement un excès de bière du Pérou et continue :
- Ces crimes odieux ne resteront pas impunis , enfin ,j’espère.
Il frappe du poing la pauvre table en teck de Bolivie et déglutit :
- Mes chers concitoyens !
Un long silence de mort et :
- Depuis plusieurs années , ces hommes politiques , courageux et désintéressés sont calomniés , diffamés , vertement critiqués , dévalorisés , bousculés , interpellés et parfois même agressés.
La presse , sans vergogne , jette régulièrement le discrédit sur d’honnêtes hommes et femmes au service d’une nation exigeante et ingrate.
La France d’en bas affirme n’avoir plus confiance dans une classe politique pourtant très performante.
Alors , Françaises Français , maintenant que la quasi-totalité de l’élite du pays est mise hors circuit , qui , oui qui va gouverner le pays !
- Je le vois v’enir le vieux , bougonne Défaice , il va nous la jouer Bobard et sans brioche !
Le président de la République de chez nous laisse passer une bonne minute avant de répondre à sa propre question , pertinente , merci de me l’avoir posée à moi-même.
- Je poursuivrai ma tâche , quoiqu’il arrive , jusqu’à la fin de mon mandat.
Je connais mon devoir , je ne laisserai pas le pays tomber aux mains d’individus sans scrupules-
Il va se représenter , je te l’parie Phil !
- Attendez Com …
- Mon mandant terminé , mes chers concitoyens , je me retirerai définitivement de la vie politique au fort de Moncalçon avec Cascouillette et nous prierons pour vous.
Français Françaises et leurs enfants , puisque vous nous prenez pour des blaireaux , je ne dirai qu’un dernier mot : démerdez vous !
Le président de la République de chez nous se lève en laissant une chaise vide , dans une attitude très giscardienne.
- Ben merde alors , il m’en bouche un coin le vieux !
- Son mandat expire dans deux mois , qui va gouverner bordel ?
- J’en sais rien Phil , le président du Sénat s’est enfui en Belgique avec sa famille et le chien.
Une zique très marche funèbre ponctue le discours présidentiel.



Chapitre VI ( sans commentaire)

Le discours du Président Patraque a fait l’effet d’une bombe dans le pays .
Jamais un politique n’avait osé parler sur ce ton aux Français.
La cote de popularité du vieux roublard grimpe et flirte avec les cent quatre vingt pour cent.
D’interminables manifestations de soutien au Président encombrent les rues.
La population crie sa soif de démocratie dans un sursaut national et intestinal.
Laurence Choriso , patronne des patrons et présidente du Bézef proclame solennellement sa solidarité avec la classe politique , enfin , ce qu’il en reste !
Le secrétaire général du syndicat Féqued’pété , le Pout , demande au Président Patraque de revenir sur sa décision sinon , il dégaze.
Même le bouillant Nicolas Mulot déclame sur tous les tons que le politique devient une espèce en voie de disparition , donc à protéger.
José Buvé , tout juste sorti de taule pour avoir fauché une boîte de maïs transgénique à l’hyper
déclare devant les caméras de Talèrfin son attachement à la République !
Dans les villes , les villages , les usines , les magasins , les toilettes publiques et même chez la concierge de l’oncle Incarné , ce n’est que propos élogieux sur nos pauvres , mais riches en idées généreuses , politiques.
La France entière retourne sa veste !
Les politiques sont tous canonisés par Benoît XVI en personne , en présence du cardinal Fustiger.

**********

- Com , dans mon bureau et fissa !!!
- Oui , j’arrive Hidelgarde !
Défaice soupire , quelle merde cette enquête , impossible de retrouver le moindre morceau de corps de ces précieuses et si hautes personnalités.
Il s’assEoit en face d’Hidel , le regard triste.
- Alors , on n’avance pas Com , t’as l’cerveau qui se fluidifie ou quoi ?
- Pour patiner , ça patine , c’est clair !
On visionne les vidéos , on cherche l’indice , le Bon Dieu mais c’est bien sûr , bref , un embryon de solution …
- Le mandat du vieux expire dans une semaine et évidemment , on n’ se bouscule plus pour la place , pas un seul candidat , une première !
- Pourtant les sondages sont au top , même Laurent Vlalbus est dans les sommets d’la sondagite.
- Le blème , Com de mes deux , c’est qu’ils sont tous morts les chouchous des sondages.
- Des meurtres sans cadavre Hildegarde !
- Et les vidéos , c’est du beurre doux au sel de Gourmande blaireau ?
- Justement , les vidéos…
- Parle Com bordel, c’est quoi tes mystères à la mère Christie ?
- Ce n’est qu’un sentiment vague , une impression floue , je vais visionner à nouveau les vidéos avec Phil Dhou et on en parle après , ok ?
- File !



Chapitre VII ( bon , tu suis ?)

Sébastien Bouaunkou , un mètre quatre vingt dix sept , soixante sept kilogrammes et des brouettes est chez lui dans ce petit monde de la police scientifique.
Surnommé le Filiforme par ses facétieux collègues , il sait se faire apprécier pour son efficacité et sa disponibilité.
Dans la salle de projection des locaux de la police judicieuse , Défaice et Phil visionnent et visionnent encore les images terribles de politiques abattus comme un soir de défaite électorale.
- Y’ a quelque chose qui cloche la d’ dans , retourne en arrière immédiat’ment Fili !
- Ok boss !
- Un gros plan sur la partie sombre à droite , oui , c’est ça…
Tu vois rien Phil ?
- Ben , c’est pas clair clair …
- Je peux allumer plaisante Fili
Défaice se lèvant brutalement :
- Ah bordel de bordel , agrandis encore Fili au lieu de faire de l’humour à t’faire descendre d’un barreau de l’échelle sociale !
Regarde Phil , dans la partie sombre , tu vois rien Ducon ????
- Ah si , on dirait …une ombre de profil ? c’est pas Toussenkamion, c’est clair mais bon…
-Fili , repasse nous les vidéos , toutes et magne !!!
-On tient un truc Phil Dhou , on a la même tête de Fantomas sur tous les films , c’est dingue !
Une ombre de profil , une ombre témoin rapprochée de tous les assassinats.
Une ombre sombre , certes , mais on distingue nettement la forme du visage.
Fili , t’en penses quoi ?
- A première , c’est un homme avec une machoire à la Arnold Latiteguéguerre …
- Un garde du corps , sans doute risque Phil
- Le même garde du corps au service de tous les politiques du pays , réfléchis un peu avant de dire une connerie phil !
- Je vais balancer l’ombre mystérieuse dans mes fichiers , p’tète que l’ordi va me sortir quelqu’un Com.
- Bonne idée grand , balance , balance !
Sébastien joue la cinquième Sidonie d’la bête au vent sur son clavier , plié en deux mais le cerveau en ébullition.
- Oh putain de putain , c’est pas possible , quel bol !
On a vraiment du bol ; de la chance , on a du marcher dans la mouise ce matin une grosse crotte de Rockfeller !!!
Fais moi voir tes semelles Phil , non , sont propres pourtant !!!
Ah , faut que je t’embrasse subordonné incompétant , certes , mais bon…
Phil , effrayé , se dégage comme il peut de l’étreinte platonique mais néanmoins fougueuse du héros de ce magnifique roman écrit par un auteur à l’imagination exacerbée.
- Filiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
- Oui Com ?
- Trouve moi un maximum d’images sur les sorties présidentielles , genre pèlerinage de Jules à la brasserie Kanterprout …
- Sitôt demandé , sitôt projeté , se la pète un rien le tuteur à tomate.
- Ah , voilà voilu , bon Jules , avec sa garde oui , un gros plan bordel sur le type , non , pas celui là , l’autre le grand costaud , oui !!!!!!!!!!!!
Phil , cours mettre un cierge à notre Ramdam Jambe légère , on a du concret !!!!
Et devant Phil et Fili médusés comme un estivant qui marine dans l’eau salée , le commissaire Défaice entame un rock and roll triomphant tout en grattant un balai en paille de riz en guise de guitare.



Chapitre VIII ( t’as pas une idée de commentaire ? )

Hidelgarde regarde avec admiration le beau commissaire Défaice.
- C’est qui le mec sur la photo ?
- Capitaine Tono , de la garde rapprochée de Jules Patraque.
- Tono , il a pas bossé pour l’ancien président , François Tèakran ?
- Exact mon amour , il bouffe à tous les râteliers ce mec…
- Ton amour t’ordonne d’aller cuisiner cette tête de piaf sans retenue , allez remue toi l’cul Com , ça traîne cette enquête et les lecteurs vont finir par zapper !!!!
- Z’ont qu’ à lire du Sollers ou les romans d’la Martine et pas nous braire dans les oreilles les lecteurs !!!!
Non à la dictature du lectorat , saperlipopette !!!!
- Joli mot , saperlipopette , embrasse moi idiot et va cours vole et nous venge !!!!
Et ses lèvres rencontrent ses lèvres à la saveur âcre du genièvre.
- T’as bouffé d’la choucroute ou quoi , beurk !
Tire toi flic en solde et brosse toi les étagères à ratiches à l’eau de javel concentrée !!!!!
- Adieu mon amour s’envole le commissaire Défaice !

*****

Douze rue des Pépins de la République , un pavillon de plain- pied avec volets roulants et jardinet synthétique à saisons variables.
( Pourquoi douze ? Parce que c’est moins long à taper que quarante sept , c’est évident , non ?)
- Gaffe Phil , le voilà !
- On saute dessus ?
- Non , en douceur , c’est du beau monde , pas question de le torgnoler comme un délinquant costume cravate bac plus huit .
Le capitaine Tono , militaire quasiment depuis sa naissance promène un regard inquiet .
Il fouille dans sa poche révolver et sort avec la virtuosité du professionnel son trousseau de clés.
Il aime rentrer à pied de l’Elysée pour se lessiver la boîte à pensarde.
Jules était guilleret aujourd’hui , rieur , moqueur et content de lui.
Tout se passe comme prévu , pas le moindre petit grain de sable pour faire grincer les rouages d’un plan bien dessiné par ce vieil architecte de la politique qu’est Jules Patraque.
Tono respectait François Tèakran pour sa culture et son intelligence rusée , mais avec Jules , c’est autre chose , on complote aussi certes , mais dans la bonne humeur franchouillarde.
La clé plate en laiton massif tourne silencieusement dans la serrure de la porte d’entrée en PVC massif couleur teck des îles lointaines.
Les géraniums en tergal fushias et la pelouse en fibre de nylon biologique donnent un petit air champêtre à cette demeure en béton lavé et tuiles plastique ocre très tendance.
Dans le petit salon , la télévision ronronne son ennui en permanence devant le bocal du poisson rouge.
- Salut Giscard , on se fait une petite bouffe ?
Tono ouvre une minuscule boîte en métal laqué et y prélève une pincée de nourriture à base de mouches séchées de Papouasie.
Giscard monte aussitôt à la surface et engloutit , à grand renfort de clap clap , les tites bestioles.
Le capitaine le regarde attendri , de l’émotion plein les yeux.
Le délicat carillon de la sonnette du pavillon de plain -pied résonne avec distinction.
- Et merde , qui vient me faire chier à cette heure , bordel ?
- Commissaire Défaice , police judicieuse , puis-je vous parler un instant ?
- A quel propos ?
- Je peux entrer ?
Tono laisse à regret l’emmerdeur pénétrer dans sa précieuse demeure.
- Comment va le président capitaine ?
- Ben , il allait bien quand je l’ai quitté , pourquoi ?
Tono simulant l’angoisse brutale :
- Ne me dîtes pas qu’il est …
- Mais non , mais , pas d’inquiétude Tono , le vieux est couvert par l’immunité présidentielle , donc , pas question de lui appliquer la peine de mort , même de manière arbitraire !
- Faut dire qu’en ce moment , c’est pas la joie d’être politique , n’est ce pas commissaire ?
- C’est clair , sauf bien sûr , si on tire les ficelles du guignol responsable de tout ce merdier Tono !
- Que voulez- vous dire , petit commissaire de merde ?
- Moi rien , mais toi , je te conseille de parler et rapidos , sinon , je t’emmène chez Hidelgarde , et là…
- Un instant , je peux téléphoner ?
- Pas de blème …
- Allo , oui , c’est moi Tono , passe moi le vieux !
Oui , j’ai un souci avec Défaice , oui , ah , c’est un pote à vous.
Faut que je lise « Le crime de la rue Saint-Anne » , ok.
Bon , en attendant je fais quoi , je vous le passe , bien !
- Commissaire Défaice , respect Président !
- Défaice , rapplique tout de suite et laisse Tono tranquille , je vais t’expliquer !
Passe par la rue des Allongés pour gagner du temps.
- J’arrive président .
- Ok , repasse moi l’autre tâche , à tout de suite.
- Tono ?
- Oui , Président ?
- T’as dix minutes , pas plus , pour appliquer la procédure habituelle !
Au taf , et bisous à Giscard !
- Il a dit quoi Jules ? demande un rien inquiet Com.
- Il a dit bisous à Giscard !



Chapitre IX ( quel boulot)



Phil Dhou somnole gentiment quand une main brutale lui tapote la joue.
- Eh la marmotte , je file à l’Elysée à pied , je crois qu’on m’prépare un coup fourré .
Préviens Hidelgarde .
Défaice enfile un gilet pare- balles ultra léger de chez Jean-Paul Coté.
- Bon , casse toi vite Phil , je sens que ça va bouger dans les hautes sphères.
- Gaffe de pas y laisser des plumes Com …
- T’inquiète pas pour les plumes du poulet !
Phil démarre gentiment et disparaît dans un virage , le cœur serré et la larme sur le point d’humidifier son œil gauche , le plus sensible , forcément.
Le commissaire Défaice marche d’un pas volontaire vers le palais de l’Elysée.
Un rayon de soleil lui lèche le visage puis disparaît derrière un nuage blanc gris.
Arrivé dans la rue des allongés , un choc violent dans la poitrine le couche sur l’asphalte.
Deux solides gaillards le jettent sans ménagement à l’arrière d’un panier à délinquants primaires.
- On y va , ? interroge une voix inconnue.
- Attend deux secondes , je filme pour la téloche , répond une autre.


**************

Parledabor , les traits tirés , le regard sur le prompteur , annonce avec une sobriété professionnelle la mort du valeureux commissaire Défaice.
Un cours extrait de la vidéo de l’assassinat et une moue compatissante et hop , on passe au foot , sans se prendre la tête.
- Quel con , il aurait pu faire plus long !
Hidelgarde donne un coup de pied dans la téloche qui tombe sur la moquette bleu drapeau.

**********

Le panier à délinquants roule gentiment sur la petite route de campagne , bordée de platanes aux feuilles jaunies par la maladie.
Il fait chaud et com commence à trouver le temps long.
Jouer les morts , c’est pas son truc , il a les phalanges qui se contractent.
Il sort son pistolet en bois d’acacia verni avec silencieux et lance roquettes.
- Eh , on peut stopper deux minutes pour pisser ?
- Merde , il est déjà réveillé ?
- Oui , mais toi , tu vas bientôt dormir définitivement si tu stoppes pas l’corbillard.

Jacky Tienhalavy se gare avec application sur le bas côté.
- On fait quoi m’sieu l’commissaire ?
- Menotte ton pote et vire !

Nicolas Detoussa ne proteste même pas , il tend ses bras et clic clac .
- Très bien les amis et maintenant , on cause , ok ?
- Nous on sait rien , rien de rien , on ne sait rien de rien , pas le moindre renseign’ment , pas la moindre tite piste , on se fout du présent !!!!!!!!
- Bon , dans ce cas , descendez les potes , je vais vous buter ici , c’est frais et sympa pour une vie éternelle.
- Vous allez buter deux collègues , com ?
Detoussa se tortille comme il peut pour montrer sa carte d’inspecteur du service Dékoufourrez.
Tienhalavy confirme en montrant son insigne en laiton bon marché de brigadier Thétique.
- Ok , je vous bute plus par solidarité .
C’est quoi ce merdier ? On me tire dessus , on m’emmène dans un panier à blaireaux dissipés …
- Une balle en caoutchouc , com , c’est pas bien méchant , on n’en meurt pas !
- Pourquoi , qui vous commande ?
- On peut rien dire …
- Bon , emmenez moi au bout de la terre , enfin , ou vous deviez m’emmener !
- Ok com , mais attention , pas de vague , prudence car sinon , ça risque de chauffer grave.
- Ta gueule ripoux , conduis et tais-toi !

*********

- Ras le bol de jouer à la belote , marre de marre , je me retire définitivement du jeu , na !
- Tu vas pas nous la rejouer deux mille deux , Lionel , ça fatigue pour finir.
- D’autant que moi , je vais les gagner les élections !!
- Si on sort d’ici un jour , Marie Hélène.
- C’est moi qui vais les gagner pétasse .
Laminée , écrasée , anéantie elle va être la chouchoute des sondages.
- Laisse tomber Marie Hél , il panique le nabot.
- Je sais mon tit François , je sais !

**********

- Cascouillette , je sors ce soir , refile moi quelques euros pour boire une bière.
- T’abuses Jules , prend soin de ta santé , mes pélerinages aident , je sais , mais n’en profite pas trop !
- T’inquiète pas ma Cascouillette , c’est bientôt la quille , la retraite.
On ira , où tu voudras quand tu voudras , gna gna gna , l’été indien…
- Oh mon Jules , I love you beaucoup beaucoup !

***********

- Phil Dhou , le com est vivant , je le sens !!!!!!!!!!!!!!
- Oui , madame Garde , il va revenir.
- Pôve con , tu dis ça pour me consoler !
Dégage !

***********

Le manoir Cénouar se cache dans la profonde et mystérieuse forêt Aubeurnouar , dévorée par les chênes et les châtaigners.
Un ruisseau court et alimente un plan d’eau peuplé de carpes centenaires.
Les massifs fleuris réveillent le paysage assoupi.
Amedh Moivite gratte quelques plates bandes tout en surveillant du coin de l’œil , l’arrivée du panier à délinquants.
- Encore un arrivage , on va plus savoir où les mettre ces braves gens !

*************

Le commissaire Défaice plante son révolver dans le dos de Tienhalavy , après avoir enfermé , menotte au poignet , le pauvre Nicolas Detoussa dans le panier à délinquants.
- Si tu fais mine de bouger , je te pulvérise des pieds à la tête , ok ?
- Pas de blème com , je roupille en vous attendant , promet Nicolas.
- Bon , on y a va Jacky , avance !
- Jette ton arme et couche toi , vite , s’écrie une mystérieuse voix semblant venir de nulle part.
- Si vous me cherchez , je bute Jacky , hurle le com en pointant le canon de son arme sur la tempe du courageux policier qui tremble comme une feuille de platane malade à cause de l’humidité excessive de l’été.
- Tu peux le descendre si ça te fait plaisir , on en n'a plus besoin , ricane la voix.
- Salaud proteste Tienhalavy !
Défaice , pareil à un Vercingétorix vaincu par César , jette son flingue et lève les bras.

************

Raoul Dousmant roule doucement sur la petite route de campagne .
La forêt Aubeurnoir est en vue , le petit chemin à droite et c’est bon.
- Gare toi près du plan d’eau , je vais marcher un peu.
Porte les packs de bière à la cuisine , on va se faire une choucroute ce soir.
Jules se sent de bonne humeur.
Bientôt la quille , terminé les ronds de jambe et les flagorneries.
La quille bordel !
Il entonne un refrain martial appris en Algérie.

*************
- Attachez le bien et emmenez le avec les autres.
- Ok capitaine Tono , on le dérouille un peu ?
- Non , pas de violence !
- Bon , bon…

Jean-Marie Kipaine déprime un peu tout seul , dans son coin.
Il y a bien Philippe Fouhalié pour lui faire un brin de jactance , mais il est tellement ennuyeux ce Fouhalié.
Quand aux autres , ils le boudent , forcément.
Il jouerait bien aux cartes , mais avec qui , ah tiens , voilà du monde , peut-être mon ancien camarade Bruno Maigrelet.

La porte s’ouvre et se referme aussitôt derrière com.
- Commissaire Défaice , comme je suis content , heureux , réjoui de vous voir !
Bienvenue parmi nous , ambiance sympa et bière à volonté.
- Merci monsieur le sinistre de l’intérieur pour votre accueil.
- Ne me remercie pas , tiens , on va se faire des tripes au vinaigre ce soir pour fêter ton arrivée !
- Ah non , terminé les tripes au vinaigre , terminé , je me retire définitivement…
- Ta gueule Jozepoin , tu nous fatigues avec tes pleurnicheries.
- Olivier Bosseballo , on ne parle pas comme cela à un ancien premier sinistre de la France.
- Toi , Vlalbus , occupe-toi d’tes puces !
- Bien répondu Olivier , on va pas se faire bouffer par ces vendus au capitalisme triomphant , prédateurs du pourvoir d’achat des travailleurs travailleuses …
- Et bé voilà la vieille qui nous passe son soixante dix huit tours , je peux l’étrangler Anicet ?
- Pas de problème , mais ne la fais pas souffrir Passmoilpin.
- Assassins , vendus , pourris , droiteurs , Olivier , au secours !
- Euh, j’ai ma tournée à distribuer , désolé m’dame Labillé.
- Un peu de calme , on a un invité ce soir , tonne Paskidi.
-Commissaire , que nous vaut le plaisir et l’honneur de votre visite ?
- Et bien , à vrai dire monsieur Jozepoin , on m’a un peu forcé à venir , mais bon , je suis content de vous voir tous vivants et en bonne et heureuse santé .
- Tous vivants , mais pourquoi dîtes-vous cela monsieur le commissaire ?
- Oui pourquoi dîtes-vous cela ? répètent tous en chœur ce petit monde politique.
- Madame Jovial , mesdames et messieurs les sinistres et autres élus de la République de chez nous , commence le meilleur flic de France.
Depuis votre disparition , la France , l’Europe , le monde entier vous croient mort , oui je dis bien mort.
- Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh … , murmurent les chers disparus.
- Officiellement , vous avez tous été éliminés de deux balles de fusil récidiviste.
Les images truquées de vos assassinats respectifs et respectables ont été diffuséEs sur toute la planète.
- Re ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh …
- Mais alors , qui gouverne notre cher et vieux pays , interroge Dominique Passmoilpin ?
- Le président Patraque , évidemment …
- Ben , on n'st pas dans la merde , c’est clair !
- Ta gueule Paskidi , il est vivant lui !grogne Dominique Passmoilpin
- Oui , il est bien vivant au moins ?
- Oui madame Jovial , bien vivant , très vivant même , il grimpe dans les sondages à la vitesse de la marée du Mont Saint-Michel , normand ou breton.
- D’un cheval au galop , vous voulez dire com ?
- Un vieux bourrin sénile alors Olivier…
- Comme not' président …
- François Paybas , vous parlez du président , un peu de respect bordel !
- Ah ça va Marie Hel , te la pète pas trop , t’es pas encore en haut de l’affiche !!!
- Donc Patraque a retrouvé une virginité et sa cote de jeune fille , finalement , ça l’arrange bien notre disparition , même très bien…
- Oui M’sieu Paskidi , approuve le com , il est à l’apogée de la sondagite , mais il y a un blème…
- Un blème ? s’étonne Jean-Marie Kipaine.
- On t’a pas causé toi , déclament tous en chœur les valeureux démocrates.
- Oui , le père Patraque a dit aux Français , dans son dernier discours télévisé , tenez vous bien …
- Il a dit quoi le vieux ? s’agite Dominique Trossfane.
- Il a dit , démerdez vous !
Je ne me représenterai pas , na !!!
- Il a dit ça , t’es sûr com ?????
- Oui Paskidi , il l’a dit , confirme Passmoilpin.
- Comment tu sais toi ?
- Je le devine !
- Finalement , il se retire de la vie politique avec un certain panache , comme je l’ai fait moi-même.
- Tu nous emmerdes Jozepoin avec tes souvenirs de guerre , ironise Languepikant Jack.


******

- Un problème Tono , interroge un rien anxieux , Jules Patraque.
- Oui , mais c’est réglé Président.
Le président soupire , médite et se dit qu’il est temps que Jean-Pierre passe au prochain chapitre , ça commence à faire long.



Chapitre X (ouf !)

La salle de projection des téléfilms de la six avec fauteuils de cinoche en velours couleur pantalon grand-père est remplie ce matin.
Le capitaine Tono et ses camarages geôliers surveillent d’un regard professionnel les dignes représentants de la République de chez nous.
- Mesdames messieurs , démarre dare dare le capitaine ,
J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer !
Votre libération est imminente !
- Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!! en choeurise le public politique.
- Mais à une condition !
- Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!! proteste le public politique.
- Je passe la parole à mon supérieur hystérique , merci de votre attention !
Un homme , grand , l’œil vif , la jambe légère , sort de l’ombre.
- Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!! se stupéfie en chœur le public politique.
Jules Patraque , le sourire ironique à la lèvre inférieure et grave à la supérieure savoure avec délectation ce moment.
- Bonjour mes chers amis.
Vous avez passé , au frais de la République , un agréable séjour au manoir Cénouar , dans la forêt Aubeurnouar.
Evidemment , je vous ai un peu obligés à participer à ce , disons , séminaire politique.
Je lis sur vos mines de merlans au mercure , pourquoi ?
Oui , mes chers amis , pourquoi ?
Bonne question , même si vous ne me l’avez pas encore posée
- Mais c’est quoi c’merdier , bordel , Jules , t’as pété une rallonge électrique dans l’encéphale ou quoi ?
- Calme toi Anicet , calme toi !
- Se calmer , vous rigolez , tonne François Partout.
- Puisque tu la ramènes , le centriste du milieu , réponds à ma question !
Avant ta disparition , ta cote de popularité à la sondagite officielle était de combien ?
François Partout rougit comme un gamin pris en faute et se tortille sur son fauteuil style cinoche de quartiers aisés.
- Alors , tu réponds , l’trait d’union ? insiste , impitoyable le président de la France entière.
- Ben , autour de 16 pour cent …
- Tu veux dire moins 16 pour cent , beau montagnard , moins 16% et maintenant , t’en es où ?
- Je sais pas , m’sieu l’président…
- Capitaine Tono !
- Oui Président ?
- La sondagite , vite !
- La voilu , la voilà !

Jules pianote avec dextérité sur le micro clavier de l’appareil sophistiqué.
- Attention , résultat :
29 % en positif !!!!!!!!!!!!!!!!
- En positif , vous êtes sûr sire , s’extasie le juste milieu.
Mais alors , je vais gagner !!!!!!!!
- Du calme , élu des cîmes , ton score est loin d’être le meilleur !
- Moi , Président , suis à combien s’inquiète Anicet ?
- Attend , deux minutes , tape tape sur le clavier , un deux trois et hop :
286 %
- C’est pas possible Jules , c’est pas possible !!!!
Paskidi s’élance sur la scène de la salle de projection des téléfilms de la six , embrasse Patraque sur la bouche , le capitaine Tono et les geôliers , puis entame un rock and roll satanique.
- Eh , du calme Jules , du calme , s'agace madame Jovial.
Marie Hélène Jovial se lève dignement , passe une main (la gauche , je crois ) dans ses cheveux longs , fins et propres de ce matin , et demande :
- Et moi , Président ?
Paskidi s’immobilise , soudainement inquiet.
- Ah , attention , je pose un doigt et je retiens deux , j’ajoute la racine rectangle et divise la majorité relative (tiens , j’ai oublié Rocard ) et hop , ah , pardon , j’ai pas mis la virgule , vouilà , hummm…
- Allez bordel , fais pas l’con Jules , accouche !!!!
- Calme toi Paskidi , tu parles au président , sermonne Yvonne , heu , non , marie Hel.
- Bon , j’annonce , oh putain , quel score , quel score :
478.56 % d’intentions de vote.
Pas facile à rattraper Anicet !!!!!
- On verra , on verra , bougonne le sinistre de l’intérieur.
Jules Patraque énumère les pourcentages d’opinion favorable et il faut bien reconnaître que la petite comédie , bien bricolée par pépère d’la République qu’est qu’à nous ,a redoré le blason de la classe politique.
- Ah mes amis , s’enflamme Jules le grand , vous étiez tous en négatif , en dessous du seuil de survie politique et je vous ai rendu puissance , panache , considération , oui , je vous ai rendu la considération du citoyen de base mes agneaux !
Grâce à moi , les Français vous aiment à nouveau !
Ils vous regrettent , vous réclament , vous pleurent !
- Oui mais président Patraque , il y a un détail…
- Ah , fermez la avec vos détails , Jean-Marie Quipaine !
- Mais je n’ai rien dit madame Jovial !
- Justement continuez !
- Oui , puisqu’on est mort assassinés , comment profiter du retour en grâce des français et des françaises , s’interroge Jozepoin ?
- Bonne question Lionel , bonne question , répond à lui-même , Jules Patraque , président de la République de France , no’te tit coin à nous !

Epilogue I



Salut les copains copines !



Patrick Parledabor , chemise verte à pois bleus , cravate jaune citron et sourire tranche pastèque démarre en trombe le journal de vingt heures de la chaîne privée Talerfin.



- La France respire malgré la pollution !

Le retour de l’ensemble de la classe politique est un soulagement pour le pays , l’Europe , le monde , voire la galaxie.

Olivier Tumapelle , votre analyse vite fait sur le barbecue avant l’intervention de pépère , euh du président Patraque , mais en pleine forme.

Olivier Tumapelle , la mine réjouie de retrouver ses copains copines politiques jette un œil sur ses notes avant de lire son texte sur le prompteur.

- Le retour des politiques , deux jours avant les présidentielles provoque la liesse dans tout le pays.

Jamais on n'avait connu pareil engouement pour nos élus !

Banderoles avec slogans affectueux , manifestations de soutien tout en miel et sucre biologique sans phosphate nitrité.

Les éditoriaux des plus belles plumes du royaume saluent la grande victoire de la démocratie.

Les drapeaux flottent à la va vite et on chante les louanges des élus de bas en haut de l’hexagone, en passant par la banlieue de vos villages.

La France entière danse le rock and roll républicain.

On a gagné !

On a gagné s’écrie la foule à la Bastille , sur les Champs Elysées , à Saint Sébastien Touapainard etc…

Que dire de plus pour exprimer ce bonheur civique retrouvé ?

- Rien , justement , Olivier , y’a l’vieux , euh , l’ président Patraque qui commence son discours , alors , ferme ta gueule , ça repose !



Epilogue II



Le drapeau tricolore , celui de l’Europe et la lessive de blanc du monarque , cause Cascouillette, est parti en rinage à Sainte Chapelle-Les Koud’soleil.



Le président patraque , bière à la main et marcel blanc gris , commence son allocution .



Mes chers concitoyens et aussi les toyennes !

Et oui , mes tits poulets , c’est la quille pour ma pomme , mon emblème me direz vous.

Je vous quitte les copines avec 879 % d’intentions de vote , c’est dire si je suis pop , pop pulaire.

Mais , faut être raisonnable , faut laisser la place aux jeunots ou jeunettes , tout le monde à le droit de croûter non ?

Reste un jour de campagne , alors , réfléchissez bien !

Le retour de la classe politique est une fête à la démocratie , mes chers amis et amies.

Le terrorisme internet tional a perdu face à la détermination sans faille (sauf à Losse ange je laisse) du grand et talentueux commissaire Défaice.

Avec un courage admirable , il a barré la route du mal au groupe Karlosse Etcéterra.

Je tiens à rendre hommage à l’ensemble des élus , prisonniers de la méchanceté et du mal , qui malgré la pression insoutenable , ont su faire preuve de sang froid malgré la canicule.

Les infâmes terrorristes avait projeté de déstabiliser notre si bon et si cher et si vieux pays pour s’emparer du pouvoir et faire régner la terreur dans nos villes et dans nos bretagnes.

En faisant croire , les vilains menteurs , au peuple que leurs chers élus avaient imprimé leur certificat de décès , ils pensaient , les fumiers , fragiliser notre nation.

Mais la France a gagné , bordel , elle a gagné avec vous , avec votre soutien gorgé de solidarité et d’affection.

Je suis fier de vous , mes grognards , le monde entier vous admire !

Demain , si tout va bien , vous aurez un autre président , faudra le bichonner , bien l’entretenir et ne pas le contrarier.

Je compte sur vous Français et Françaises pour continuer d’être pleinement solidaires d’une classe politique honnête et dévouée !

Vive la république de chez moi !Vive la France !



Tin tin tin tin tin tintintin !



Epilogue III

Parledabor , torse nu cravate couleur sable :
- Il est vingt heures , les estimations , Olivier Tumapelle :
- Merci Patrick.
Attention , c’est parti :
Ou lalala !!!!
Olivier se gratte l’encéphale :
- Bon , vous savez lire téléspectateurs , pas la peine que j’vous dise !
- Et bé , on n’est pas dans la merde , soupire Parledabor.

 

          **********


Hidelgarde très féline:
- Eteins la télé et viens m’embrasser Commissaire , roi des faux cul



The End !

Ju'âne Pedro, janvier 2007

Commentaires

  • Ju'âne Pedro

    1 Ju'âne Pedro Le 28/06/2012

    Merci Claude pour ce compliment qui me fait bien plaisir.
    Frédéric Dard est un écrivain un peu ouf que j’adore.
    Et surtout, merci d’être venu me lire.
    A bientôt chez Michel !
  • Claude STEFAN

    2 Claude STEFAN Le 28/06/2012

    Bravo ! mon cher Ju'âne. Dans un message précédent sur "Paul ethniquement chaud" (c'est pas très bon mais je débute dans le cas l'an bourg), je vous avais comparé à Rabelais. Si le père de Gargantua ne vous a pas laissé indifférent, vous avez suçé avec délectation la substantifique moelle du Grand Frédéric Dard. Il peut reposer en paix.
  • Ju'âne Pedro

    3 Ju'âne Pedro Le 25/01/2009

    http://aneries.e-monsite.com/rubrique,rue-saint-anne,1020404.html

    Si t'es pas fatigué, tu peux lire "le crime de la rue Saint-Ane !
    Quel courage bordel !


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