Usine Story

Usine Story

L’ancêtre de l’atelier
De l’usine d’à côté
Est vénère, fou à lier,
Son gagn’ pain va fermer.
Il a trimé pourtant
Pendant près d’quarante ans,
Juste un smic pour bouffer,
Juste un smic pour bouffer.

Il a jeté son bleu,
Son badge et ses outils,
Il rêve de foutre le feu
Dans son coin d’paradis.
Son patron est content,
Il va gagner d’l’argent,
En délocalisant,
En délocalisant.

Et flotte les band’roles
Dans l’vent des mécontents,
Qui crachent leur ras-l’bol,
De ce gouvernement.
Les télés se déplacent,
Comme de joyeux rapaces,
Des larmes pour le vingt heures,
Des larmes pour le vingt heures.

Le vieux frappe du poing
Sur son bel établi,
On va pointer demain,
Oh oui, pas de souci.
La retraite menace,
Déjà son corps se tasse,
Le cancer n’est pas loin,
Le cancer n’est pas loin.

Mais avant de mourir,
Il savoure l’instant,
En inondant de rire
Sa femme et ses enfants.
La faucheuse est tenace,
Il faut laisser la place,
Déjà sonne le glas,
Déjà sonne le glas.

Le portail de l’usine
Est fermé pour toujours,
Les survivants jardinent,
En attendant leur tour.
Le temps n’est plus au rire
Et la tristesse s’étire,
Au temps des chrysanthèmes,
Au temps des chrysanthèmes.


Ju'âne Pedro

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