Hiroshima, soixante-dix ans déjà…
Kenta et Misaki
Une pâle orchidée
Oscille dans la main
D’une silhouette courbée
Par un trop long chemin.
La démarche incertaine
Et le regard absent,
L’ombre masque sa peine,
Ignorant les passants.
Ce jour-là Misaki
Se surprend à rêver,
Ce petit être qui
Paraît si énervé,
Ce petit avenir
Qui s’agite et sourit,
Ne peut que devenir
Le meilleur des maris.
Elle le rêve à vingt ans,
Du bonheur à offrir,
Dégustant le printemps,
Tout en plaisir et rire,
Puis les petits enfants
Jouant dans le jardin,
Heureux et insouciants
Comme le sont les gamins.
Puis elle se voit vieillir
Blottie contre Kenta,
Savourer le plaisir
D’être en vie mais voilà,
Kenta reviendra-t-il
De ces cruels combats
Pour retrouver sa ville,
Sa ville Hiroshima ?
Une pâle orchidée
S’échappe de sa main,
Kenta , la peau ridée,
Le regard en chagrin,
Pense à ce cher enfant
Qu’ il n’a jamais connu,
Il aurait soixante dix ans
S’il n’était dans les nues.
Ju’âne Pedro