HALAGE

 

 

J’aime flâner le long du halage,

Equipé d’une canne à lancer,

Pour pêcher les poissons d’passage,

Dans ma rivière préférée.

 

Même si  souvent, il pleuviote,

Même si le vent pousse le bouchon,

Même si les sirènes sont vieillottes,

Même si les sandres sont ronchons…

 

Faut dire que les perches sont bêtes,

Tu les aguiches avec un leurre,

Et brutalement, elles se jettent

Sur ce bout d’plastique de malheur.

 

Un peu comme moi d’vant la télé,

Qui gobe souvent n’importe quoi,

Bouche entrouverte, tronche dans l’pâté,

A en mourir d’une crise de foi.

 

A force d’avaler les infos,

Les pubs et  les tendances actuelles,

On m’a chouravé mon cerveau,

Avec un ham’çon virtuel.

 

On me grignote dès le matin,

Mes moindres idées personnelles,

Le prêt à penser c’est certain,

Economise ma cervelle.

 

 

Comme l’ablette qui nage en surface,

J’me fous d’la profondeur d’esprit

Et les eaux profondes  m’agacent,

Pour l’écrit, je n’ai que mépris.

 

Si on agite un chiffon rouge,

Devant mon beau regard bovin,

Je lève le poing, faut que ça bouge,

Puis j’me ressers un verre de vin.

 

Un peu comme la brave grenouille,

Qui s’excite devant la couleur,

Elle finira, la triste andouille,

Dans une poêle, avec du beurre.

 

Nous sommes tous du menu fretin,

Qu’on appâte dès la naissance,

Pauvre de nous,  poissons crétins,

Toujours en  quête d’espérance.

 

J’aime flâner le long du halage,

Equipé d’une canne à lancer,

Pour pêcher les poissons d’passage,

Dans ma rivière préférée.

 

Même si souvent, il pleuviote,

Même si le vent pousse le bouchon,

Même si les sirènes sont vieillottes,

Même si les sandres sont ronchons…

 

 Ju’âne Pedro  (15 août 2015)

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