A vendre
Je vends sur le marché
D’élégantes chansons
Au vers ou à la pièce.
Il faut les acheter
Elles sont de bonne façon,
Vos oreilles elles caressent.
Je trace au gré des modes
Et sur commande parfois
Mes mots souvent très lourds.
Je tricote et je brode
Des professions de foi,
Des amours, des toujours.
Mais je n’ai pas de conviction,
Pas un embryon de passion,
La seule chose qui compte, le pognon.
Me moque de la révolution,
J’avoue n’avoir qu’une ambition,
Le pognon toujours le pognon.
Je pose pour la photo,
Inspiré, genre Rodin
Pour écouler ma prose.
Je suis le roi des sots
Mais crache mon dédain
Sur le poète qui ose.
Je passe à la télé
Col ouvert, mèche rebelle
En citant du Rimbaud.
Mes textes inégalés
Dans le superficiel
Croulent sous les bravos.
Mais je n’ai pas de conviction,
Pas un embryon de passion,
La seule chose qui compte, le pognon.
Me moque de la révolution,
J’avoue n’avoir qu’une ambition,
Le pognon toujours le pognon.
Et je crie au plagiat
Réclame des droits d’auteur
Hurle qu’on me copie.
Pourtant mon charabia
N’est que pour les chanteurs
Un produit qu’on glapit.
Je vends sur le marché
D’élégantes chansons
Au vers ou à la pièce.
Il faut les acheter
Elles sont de bonne façon,
Vos oreilles elles caressent.
Mais je n’ai pas de conviction,
Pas un embryon de passion,
La seule chose qui compte, le pognon.
Me moque de la révolution,
J’avoue n’avoir qu’une ambition,
Le pognon toujours le pognon…
J’avoue n’avoir qu’une ambition,
Le pognon oh oui le pognon !